Actualités: Lancement du Mécanisme de Whakatane à l’occasion du Congrès mondial sur les parcs naturels à Sydney, en novembre 2014
L'édition précédente du Congrès mondial sur les parcs naturels (WPC) de l'UICN s'était tenue à Durban, en Afrique du Sud, en 2003. L’exclusion historique des peuples autochtones et des communautés locales des mouvements et politiques de conservation a donné lieu à une campagne difficile pour la reconnaissance des droits des communautés locales, la contribution des peuples autochtones à la conservation et la nécessité d’approches de conservation fondées sur les droits. Les peuples autochtones et les communautés locales restaient à l'écart du système et tentaient de se faire admettre. Leurs efforts ont été couronnés de succès et ont contribué à aboutir à la reconnaissance du « nouveau paradigme de conservation ».
Onze ans plus tard, à l’occasion du Congrès mondial sur les parcs naturels en 2014 à Sydney, la participation des peuples autochtones et des communautés locales au processus a été très importante. Toutefois, une question clé demeure : parmi les acteurs de la conservation, combien ont véritablement adopté une approche qui reconnaît que la conservation doit soutenir les modes de propriété, d'utilisation durable et de conservation des terres des peuples autochtones et des communautés locales ?
Avant la tenue du WPC, plus de 200 délégués autochtones provenant du monde entier se sont rassemblés dans les Blue Mountains, sur une terre aborigène. L’une des recommandations claires ayant émergé des discussions du groupe africain était la nécessité pour l’UICN d’adopter une position explicite pour s'assurer que ses membres travaillent à la réforme de la législation nationale dans leurs pays, afin de la rendre conforme au nouveau paradigme de conservation. Cela doit notamment permettre de garantir que la législation n’autorise plus l'expulsion de peuples autochtones et de communautés locales de leurs terres au nom de la conservation. Au sein de la réunion des Aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC) / Réseau mondial autochtone (WIN), les débats se sont concentrés sur la protection de la nature à travers la protection des droits des peuples de posséder, soigner et gérer les environnements dont ils ont permis la subsistance et desquels ils tirent leur subsistance.
Certains ont fait part de récits émouvants lors de la réunion APAC/WIN. Une femme aborigène a expliqué que si son peuple n’accepte pas ce que les écologistes lui disent de faire, ses membres risquent de perdre leurs emplois de gardes forestiers. Il a également été dit aux participants que la gestion bureaucratique actuelle que nécessite le statut du site d’Uluru comme site du patrimoine mondial est préjudiciable pour les Aborigènes soi-disant responsables du « site ». Des initiatives portant sur la propriété communautaire des terres et la conservation à Cape York ont été examinées. Il semblerait que ces initiatives fonctionnent bien, puisque le gouvernement a acheté les fermes d’élevage de bétail aux Européens et a restitué la terre à son peuple.
Lors du WPC, le FPP et ses partenaires se sont principalement concentrés sur :
- l’amélioration de la diversité et de la qualité de la gouvernance des zones protégées;
- le respect de la culture et des connaissances autochtones et traditionnels ; et
- le patrimoine mondial, soulignant la nécessité d’un changement sur le terrain accompagnant les changements dans la rhétorique.
Le FPP et ses partenaires, en collaboration avec des acteurs clé de l’UICN, ont lancé avec succès le Mécanisme de Whakatane. Les preuves manifestes des résultats obtenus grâce aux processus de Whakatane ont mené à l’adoption par le Congrès du développement continu du mécanisme dans le cadre d’un appel plus général visant à s’assurer « que des approches fondées sur les droits et les normes internationales de justice s’appliquent à tous les programmes de conservation ».
Cela comprenait l'appel à des réparations pour « les injustices passées et actuelles subies par les peuples autochtones et les communautés locales, y compris la restitution de terres expropriées sans consentement libre, préalable et éclairé ».
Avec le Groupe de travail international sur les affaires autochtones (IWGIA), le FPP a également organisé le lancement du livre World Heritage Sites and Indigenous Peoples’ Rights (Sites du patrimoine mondial et les droits des peuples autochtones), qui a enregistré une participation importante. La contribution des auteurs et d’autres intervenants aux débats du WPC sur le patrimoine mondial a conduit le Congrès à faire la recommandation suivante : « Des normes mondiales pour les droits et pour la conservation du patrimoine naturel et culturel devraient être adoptées et mises en œuvre dans la Convention pour la protection du patrimoine mondial, qui garantissent la pleine participation des peuples autochtones et des communautés locales sur la base d’une approche fondée sur les droits ».
Cette question de la propriété des terres et des ressources et de la nécessité de continuer à apporter un soutien à ceux qui permettent la subsistance et tirent leur subsistance de leurs terres est à la racine du travail actuel du Mécanisme de Whakatane.
« L’UICN devrait passer de la parole aux actes concernant le nouveau paradigme de conservation et faire du Mécanisme de Whakatane une partie intégrante de ses activités, notamment en insistant auprès des gouvernements sur le fait que l’avenir de la conservation repose sur cette nouvelle approche » - Peter Kitelo, un Ogiek du Mt Elgon, Kenya, et Coordinateur du projet de développement des peuples autochtones de Chepkitale, après sa participation au WPC.